À tire d’elles

Rien n’est à nous. A peine si nous posons notre main autour
du cou des fleurs non cueillies...

Rainer Maria Rilke, Élégie à Marina Tsvétaeva 

Elles sont passées affolées
Tendues sur le désir
Comme pointe de flèche
Cherchant la blessure cachée
Béance derrière l’écorce
Gorgée d’une sève inassouvie
Gardant le signe sacré
Malgré l’impétuosité de l’attente

Elles s’étirent à se rompre le cou
Déjà dans les fleurs du plaisir
En porte-à-faux sur les saisons
De l’amour et la patience du temps

S’arracher à l’enlisement de l’époque
D’un ultime coup d’aile
Enfin s’appuyer sur l’air chaud
D’un souvenir évanescent

Elles n’auront été
Que le temps d’un envol
Au-dessus de nos vies
Ne laissant que
Le bruissement du souvenir
La douceur de l’aile et la chaleur
D’une fusion si brève

Ne restent que les signes
Que nous lançons vers le ciel
Images toujours imparfaites
Esquisses peinant à réveiller la joie
Éclairs de mémoire comme miroir
Brisé jamais rassemblé
Regard au temps jadis retrouvé
Dans la pureté du matin 

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