À la croisée

Ce soir je passerai loin du chêne
Les feuilles sont pourries
Les fleurs desséchées tournent la tête
Je n’ai plus de rêves
L’enfance est passée
Même le grand-duc s’excuse poliment
Il doit répondre à l’urgence

Le soleil est tombé
Je ne vois plus les aspérités du sentier
Plus moyen de refaire le chemin noir
Où est la maison de mon ami l’écureuil

De sa branche
Le grand-duc me regarde
Cligne de l’œil
Et sourit

À la clairière du temps je m’arrête
Je reprends mon souffle à ce chêne
Qui me barre la route
Le bruit du vent dans les feuilles
N’arrive pas à distraire mon trouble
Je ne suis pas seul
Mon sang se glace
À l’appel du cri de l’effraie

Combien de fois n’ai-je pas dormi
Sur ce lit de feuilles
Les abeilles s’occupant joyeusement
D’enchanter les fleurs
Modulant des refrains
Dans mes rêves insouciants

Je n’étais jamais seul
Le grand-duc s’essuyait les ailes
Avec application

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