Guetter le passage

Tout le jour à écouter les oies blanches
Et la réponse infatigable du ressac
L'appel de l'ailleurs
Et l'immuabilité du temps présent

J'aurai passé ma vie
À écouter décrypter moduler
Un chant une plainte un espoir
Avec l'empressement des premiers arrivés
Avec l'entêtement de ceux qui ont duré
Parfois le découragement des soirs de pluie
Puis l'étonnement des matins clairs

J'ouvre ma fenêtre pour voir venir
Sur le fleuve cet intrépide voyageur
Toutes les mers ont passé sur son froc
L'ont lavé des misères humaines

Quand il se battait au large
Avec les lions de mer
Dont la légende a été portée jusqu'à nous
Sur l'aile des istorlets et aussi
Dans les chants rauques des marins
Ses amis ses complices de tous les continents
Partageant le même espoir un peu vague
L'ailleurs derrière le bleu et les brumes
À travers les tempêtes qu'on a voulu échanger
Avec ces trop connues turbulences du sang
Et ces humeurs mortelles de la vie sur terre

La mer les a laminés tant et tant
Qu'ils ressemblent enfin à leurs pères
Et moi je me reconnais en eux
Un air de parenté

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